LG Philips Displays : une fermeture lourde de conséquences

15 février 2006


"La froide décision des décideurs financiers abandonnant lâchement à leur sort ceux qui ont toujours répondu présents pour assurer l'avenir de leur entreprise... soutien aux revendications légitimes de tous les salariés de LG Philips Displays... permettre à tous les employés de LG Philips Displays de partir dans la dignité, de bénéficier d'un plan social d'accompagnement à la hauteur de celui prévu lors du plan social négocié l'an passé et aujourd'hui remis en cause... La méthode employée est indigne et non respectueuse de tous les salariés qui ont su relever tous les défis nécessaires à la survie de leur entreprise... mobilisation de tous et en particulier des pouvoirs publics et des responsables locaux."

Quelques extraits du communiqué, signé des sections de Dreux et de Vernouillet-Luray, paru dans les trois journaux de la presse locale, et lu sur les ondes de la radio drouaise RTV. Quelques extraits qui résument bien notre indignation, à l'annonce de la cessation de paiement d'une entreprise, LG PHILIPS DISPLAYS, du licenciement sans plan social, sans indemnités autres que les indemnités légales, de 554 salariés.

Rappelons les circonstances. Un bassin d'emploi drouais qui a déjà perdu 3000 emplois - c'est le chiffre communément admis - durant les 5 dernières années, avec un taux de chômage de qui atteint 12%. Deux usines PHILIPS à Dreux : l'une, PHILIPS EGP qui fabrique des écrans plats, PLASMA et LCD. L'autre, LG PHILIPS DISPLAYS, qui fabrique des tubes cathodiques, et qui avait supprimé en 2005, 470 emplois : on savait qu'elle fermerait à plus ou moins long terme. On ne pensait pas que ce serait si tôt et aussi brutal. Le mercredi 25 janvier, suite à l'annonce de la probabilité d'une cessation de paiement de leur entreprise, les salariés décident de bloquer les issues de PHILIPS EGP et de la plate-forme de stockage, GEODIS, qui concentre les productions de PHILIPS France. Ils laissent les matières premières entrer pour permettre aux employés de PHILIPS EGP de continuer le travail. Leurs revendications : un plan social comparable à celui élaboré en 2004-2005 (certains sont partis avec 80 000 euros). Se sont joints à eux les 85 salariés licenciés en 2005, qui devaient toucher leur pécule, fin janvier, et qui ont reçu une lettre leur annonçant que LG PHILIPS DISPLAYS n'avait plus les liquidités pour leur verser la somme promise.

Notre action : outre le communiqué, déjà cité, "accompagner" et soutenir le mouvement de protestation des salariés, qui bloquent les issues. Etre présents physiquement, le plus souvent possible. Discuter de l'Europe, de la mondialisation, des retraites, de l'emploi des jeunes : tous les sujets abordés par les salariés. Les soutenir matériellement : leur fournir du bois pour les braseros (nous avons la chance d'avoir dans nos rangs le chef d'une entreprise, dont la principale matière première est le bois). Les conditions météorologiques ne seront pas favorables durant les 7 jours que durera le conflit. Alertés par les leaders du mouvement, ayant pris conscience de la dimension européenne du conflit - puisque d'autres sites, en Europe, notamment en Allemagne et en Hollande,  sont concernés, par l'arrêt de la production des tubes cathodiques - entrer en contact avec Catherine Guy-Quint, députée européenne de notre circonscription Massif Central - Centre. Catherine Guy-Quint, tout en manifestant son soutien aux salariés, s'adressera au président du groupe socialiste européen, Martin Schulz, élu de la région d'Aix-la-Chapelle, ville concernée par la fermeture d'un autre site de LG PHILIPS. Autre activité : celle de notre élue régionale auprès de Michel Sapin.

Au  bout d'une semaine de conflit, la bonne nouvelle tombe : les salariés de LG PHILIPS DISPLAYS bénéficieront d'un plan social comparable à celui obtenu pour les 470 qui avaient perdu leur emploi en 2005. Un administrateur judiciaire a été nommé pour étudier un redressement. PHILIPS FRANCE a accepté de signer un protocole d'accord - qui inclut les 85 licenciés qui n'ont pas touché leur prime fin janvier - et de se substituer à LG, l'actionnaire coréen. Le blocage aurait coûté à PHILIPS France, 1 million d'euros par jour.

Quelques commentaires et interrogations sur ce conflit : d'abord nous devons insister sur l'attitude responsable des salariés, sur la " propreté " et la dignité de leur mouvement, sur le rôle des cadres qui encadraient leurs camarades. L'issue favorable du conflit ne doit pas effacer certaine interrogations : pourquoi, alors qu'on sait, depuis 2001, que l'usine est condamnée, ne pas avoir préparé la reconversion des salariés et du site ? La responsabilité des pouvoirs publics semble engagée. Que vont devenir les sous-traitants ?  Des centaines de milliers d'euros seraient dus par LG PHILIPS DISPLAYS à l'ensemble de ses fournisseurs ou prestataires de services, dont beaucoup d'entreprises du Drouais. Si ces entreprises devaient licencier leurs salariés, ceux-ci n'auraient pas droit à un plan social. Le plan social qui concernait les 470 salariés en 2005 aurait coûté 34 millions d'euros. Quelle va être la part de l'Etat, des organismes sociaux, de PHILIPS dans ce nouveau plan social ? Le financement de la cinquantaine de pré-retraites à partir de 56 ans représenterait 10 millions d'euros.

Enfin, que va devenir ce site industriel ? La surveillance, l'entretien, le chauffage du site coûtent 15 000 euros par jour. Le député-maire UMP et président de la CAdD (la communauté d'agglomération) espère "obtenir du gouvernement des moyens exceptionnels pour conserver le site".

Pour compléter le dossier, il faut bien sûr souligner le scandale de ces multinationales qui organisent la faillite de leurs filiales pour n'avoir pas à supporter le coût d'un plan social. Catherine Guy-Quint devait s'exprimer sur ce sujet, au moment de l'ouverture de la session européenne, le 13 février. En 2005, PHILIPS aurait fait 2,87 milliards d'euros de bénéfices et LG Electronics 230 millions. Et n'oublions pas que PHILIPS a bénéficié, par le passé, de dizaines de millions d'euros d'aides publiques.

Pour conclure, il ne faut pas oublier que derrière tous les chiffres cités, qui ne sont qu'une façon d'appréhender la réalité, ce sont des centaines de familles qui sont touchées - certaines plusieurs fois, plusieurs membres d'une famille pouvant travailler chez LG PHILIPS. Même si elles s'y attendaient, elles se trouvent, aujourd'hui plongées dans le doute, dans l'incertitude sur leur avenir. Enfin pour les jeunes, diplômés ou non, de la région drouaise, ce sont des perspectives d'emploi qui disparaissent. 


Philippe Boullais, secrétaire de la section de Dreux

Fermeture LG Philips Displays

Dreux, le 31 janvier 06

Le comité d'entreprise de LG PHILIPS DISPLAYS s'est malheureusement vu confirmer la froide décision des décideurs financiers abandonnant lâchement à leur sort ceux qui ont toujours répondu présents pour assurer l'avenir de leur entreprise.

Aujourd'hui, les sections du Parti Socialiste de Dreux et de Vernouillet-Luray tiennent à manifester leur soutien aux revendications légitimes de tous les salariés de LG Philips Displays.

La fin annoncée du site de production de tubes doit permettre à tous les employés de Philips LG Displays de partir dans la dignité, de bénéficier d'un plan social d'accompagnement à la hauteur de celui prévu lors du plan social négocié l'an passé et aujourd'hui remis en cause.

La méthode employée est indigne et non respectueuse de tous les salariés qui ont su relever tous les défis nécessaires à la survie de leur entreprise.

Aujourd'hui nous appelons à la mobilisation de tous et en particulier des pouvoirs publics et des responsables locaux pour assurer aux salariés de LG Philips Displays le même engagement et le même soutien que celui qui a été apporté à cette entreprise avec le retour que nous pouvons constater.

Aujourd'hui, au-delà des discours, ce sont les actes et leurs résultats qui comptent.



Parti Socialiste                                                                            Parti Socialiste
Section Dreux                                                                            Section Vernouillet-Luray